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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/178

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les points, en raison composée du risque de guerre et des avantages que présente un protectorat puissant.

La résistance ne sert même qu’à accélérer le mouvement. Après la mort d’Alexandre, il y a la ligue des Achéens, celle des Étoliens, une troisième des Lacédémoniens : ligues, alliances, qui sous un aspect paraissent rétrogrades et se lient à des projets de réforme ridicule, comme celle d’Agis ; qui sous un autre point de vue reproduisent la fatalité de l’englobement, et succombent à la fin sous leur propre contradiction. Des sentiments nouveaux agitent les multitudes et font fléchir l’antique et farouche patriotisme. C’en est fait, le monde est à l’unité. De toutes parts les divinités locales abandonnent les villes placées sous leur protection. À cette œuvre de dissolution et de recomposition tout à la fois un des successeurs d’Alexandre, Démétrius, surnommé Poliorcète, le preneur de villes, conquiert sa renommée. Mais, comme pour mieux prouver qu’il n’était, ainsi qu’Alexandre, qu’un agent de la révolution, de tant de places forcées par lui il n’en conserva même pas une pour asile : il mourut en Asie, où il s’était réfugié, simple particulier (283 ans avant Jésus-Christ).

Cependant, ne l’oublions pas, malgré ce développement de l’élément politique dans les choses de la guerre, malgré ce progrès du droit international, le moteur principal des événements est toujours le paupérisme, l’état général de pénurie et de gêne. Comme on s’était groupé, dans l’origine, contre la détresse individuelle, on tend à se grouper contre la misère corporative et municipale ; on attend le salut de plus grands dieux et de princes plus puissants. L’angoisse des petits États concourt ainsi, avec l’appétit des grands empires, au remaniement de la carte politique. Quelque chose de semblable ne se passe-t-il pas aujourd’hui ? Parlez de rendre à la France la ligne du Rhin : pourvu que vous ménagiez les libertés et les susceptibilités