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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/179

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locales, il ne manquera pas de particuliers qui accueilleront comme un bienfait la perte de leur nationalité, dès qu’ils y trouveront, qui une extension de débouchés, qui une source de concessions, qui une promesse de travail ou une pluie d’aumônes.

Des États d’une dimension supérieure se forment donc, dans lesquels les villes incorporées jouissent des mêmes avantages que la métropole : c’est par là que se distingue la période de l’histoire de Grèce et d’Asie qui suit la mort d’Alexandre. A cet égard on peut dire que les Grecs ou Macédoniens, ici c’est tout un, reçurent l’initiation des Perses. Puis la guerre s’engage de nouveau entre ces États improvisés pour leur délimitation et leurs rapports, finalement pour la suprématie, c’est-à-dire toujours pour le plus gros budget, pain quotidien des gouvernements. L’éloquence des historiens a répandu sur tous ces faits une couleur politique qui les relève. Mais l’économiste ne peut s’en tenir à ces apparences ; il veut voir le fond des choses, et qu’est-ce qu’il y découvre ? C’est que le besoin est le stimulant de toute action, la cause de toutes les agitations, et que là où les nations ne savent pas se soutenir par l’organisation économique, elles s’efforcent d’y suppléer par des remaniements d’états, ce qui ne se fait pas sans opposition, c’est-à-dire sans guerre.

Passons sur les guerres des successeurs d’Alexandre, d’autant plus meurtrières qu’en succédant au grand conquérant, ils succédaient à une immense spoliation, et ne trouvaient que vide et anarchie ; — sur celles des Romains, dont nous avons dit les honteux mobiles, mais qui surent mener à fin l’œuvre commencée par Alexandre. Passons encore sur le moyen âge tout entier, où la misère fut affreuse, et où le brigandage féodal servit, comme autrefois celui des Doriens, de prélude à une nouvelle ère de conquêtes, par suite à une autre constitution de l’Europe. Nous aurions trop à dire pour bien apprécier ces grandes