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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/188

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insensiblement sans déranger le commerce, sans charges pour la ville, sans perte pour les locataires et les propriétaires. Au lieu de cela, dans quelle alternative sommes-nous placés ? Si les loyers baissent, comme le gouvernement l’espère, et reviennent au taux où ils étaient auparavant, alors il en sera de la capitale tout entière comme de l’hôtel de Rivoli : ce sera une entreprise qui se liquidera en perte, et il sera toujours vrai de dire que pendant dix, quinze ou vingt ans, le bien-être de la population parisienne aura été diminué de tout ce qu’auront coûté les expropriations, les démolitions, les reconstructions, les déménagements, les augmentations de loyer, etc., etc. Si les loyers ne baissent pas ou ne baissent que dans une proportion minime, on aura créé, par ce seul fait de renchérissement des loyers, une cause permanente d’appauvrissement pour tous les locataires de Paris et pour la France entière.

Veut-on un autre exemple ? Je le prends dans le traité de commerce avec l’Angleterre. Aucun acte du gouvernement impérial n’a valu à l’Empereur autant d’éloges : preuve nouvelle que l’empereur, sous une apparence de despotisme, ne gouverne en réalité que d’après l’opinion. Or, on sait aujourd’hui, par les communications officielles, que l’exécution de ce traité ayant occasionné dans les recettes une diminution de 90 millions, il a fallu surcharger d’autant certains impôts ; que de plus une somme de 40 millions a été demandée à l’épargne afin de mettre l’industrie française en mesure de soutenir la concurrence avec l’étranger. — Un jour, direz-vous, la France recueillera le bienfait de ce traité. — A quoi je réponds : Qui vivra verra. A chaque jour sa peine. En attendant, nombre de villes industrielles sont dans la situation la plus difficile ; le peuple à qui l’on promet le calicot, les couteaux, la houille et autres articles à meilleur marché, paie plus cher le vin