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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/192

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de l’Italie, ni pour plaire à la révolution, ni même dans le dessein de diminuer l’Autriche : puisqu’on s’est arrêté à moitié chemin ; qu’après avoir conquis la Lombardie on n’a pas voulu conquérir encore la Vénétie ; qu’une des craintes de l’empereur, en entrant dans le quadrilatère, n’était pas seulement d’y rencontrer la coalition, mais d’y être suivi par la révolution ; qu’en signant la paix à Villafranca l’empereur, dans sa prévoyance militaire, stipulait la confédération, non l’unité, et plaçait cette confédération sous la présidence, non de l’empereur d’Autriche ou du roi de Piémont, d’un souverain armé qui eût pu s’en faire un instrument, mais du pape, un prince qui ne tire pas l’épée et qui n’a pour armes que l’anathème.

Le but poursuivi par l’empereur des Français, je répète que je l’ignore, et que ce ne sont point là mes affaires. Je comprends qu’un homme politique, ayant mission de contrôler les actes du gouvernement, s’en inquiète. Sans doute si, dans la session qui va finir, j’avais eu l’honneur de siéger au Corps législatif, avant de donner mon approbation à la politique impériale, j’aurais pu hasarder à ce sujet une question respectueuse. Je n’aurais pas cru que l’événement, tel quel, suffit à un démocrate pour la justification de l’entreprise. Après tant de déclarations et de révélations, j’aurais demandé à MM. les ministres de la parole ce que Sa Majesté avait entendu faire en Italie. Dans la bouche d’un représentant du peuple, d’un organe de la révolution, cette question eût été parfaitement motivée. Ici, dans un ouvrage de doctrine, dans une philosophie de la guerre et de la paix, la réponse, quelle qu’elle fût, serait de médiocre importance. La guerre, pour les causes que nous avons signalées, est un fait toujours en tendance, que les princes ne gouvernent pas selon leur caprice, et pour la production duquel ils n’ont guère que le choix du prétexte et de l’heure.