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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/222

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Le premier l’emporte dans la paix ; le second est préférable, à ce qu’on assure, pour la guerre.

Dette publique, budget. — La dette française est d’environ dix milliards, la dette anglaise de vingt. L’avantage est à la France. Mais cet avantage se change en désavantage, si l’on compare le capital accumulé dans les deux pays, la somme des affaires et des profits, et le budget. À ce point de vue, l’avantage passe à l’Angleterre.

État social. — L’inégalité des fortunes est moindre en France ; en revanche l’esprit d’entreprise est plus développé en Angleterre. L’Anglais est plus travailleur et consomme davantage ; le Français est plus artiste et consomme moins. Le génie de l’invention est au même degré dans les deux pays : mais l’Angleterre tire meilleur parti de ses découvertes que la France, qui se soucie médiocrement des siennes.

Au total on peut dire, ce que maint patriote anglais niera, et que maint patriote français n’accordera pas davantage, que, comme les qualités physiques, intellectuelles et morales dans les deux races sont équivalentes, les forces des deux États sont à peu près égales.

Vis-a-vis de l’étranger, ce que l’Angleterre doit d’influence à sa force productrice, à son commerce envahisseur, à ses immenses capitaux, à ses institutions libérales, la France l’obtient par sa position continentale, sa centralisation, sa propagande révolutionnaire et ses armées. Quant aux nationaux eux-mêmes, on peut dire que l’orgueil britannique et la vanité française sont partout également insupportables.

De toutes ces différences on peut conclure quels seraient, pour chacun des deux pays, la portée et le risque d’une guerre de suprématie poussée à outrance. Puisque l’Angleterre l’emporte par son aristocratie et sa bourgeoisie, par son commerce, sa richesse, ses colonies, il est clair, d’après