Aller au contenu

Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appuyé le coup d’État du 2 décembre. Le socialisme est ennemi de l’Angleterre, parce qu’il la considère comme le centre et la forteresse du capitalisme exploiteur et malthusien, qu’il a juré de détruire. Le clergé l’exècre pour ses missions à la Pritchard. Toute la nation a sur le cœur les vingt-quatre années de guerre de la république et de l’empire, les siéges de Toulon et de Dunkerque ; les défaites d’Aboukir, de Trafalgar, de Waterloo, la perte de ses colonies, les affaires de Périm, de Suez, du droit de visite, du Maroc, et en dernier lieu l’intervention après coup des Anglais dans la révolution italienne. Jamais tant de matières combustibles ne furent amoncelées entre deux pays ; et il suffit d’une étincelle pour y mettre le feu. Que la guerre se déclare, elle ne finira que par l’humiliation définitive de l’une des deux puissances.

Comparons maintenant, d’une manière sommaire, les facultés des deux pays.

Population. — La France compte, depuis l’annexion de la Savoie et de Nice, trente-sept millions d’habitants ; la Grande-Bretagne, vingt-huit millions.

Territoire. — Celui de France est plus étendu et de qualité supérieure.

Industrie, commerce, agriculture, marine, colonies. Sur tous ces points la supériorité est à l’Angleterre.

Guerre. — L’armée française est la plus formidable machine de destruction qui existe, supérieure même à ce qu’elle fut sous le premier empire. Mais cet avantage est compensé par la supériorité de la marine anglaise et par l’étendue plus grande de son action. Tandis que les armées de terre se meuvent lentement et n’occupent qu’une faible étendue de pays, l’Angleterre avec ses vaisseaux enceint le globe.

Gouvernement. — Celui d’Angleterre est une bourgeoisie constitutionnelle ; celui de France une monarchie militaire.