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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/224

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toute l’industrie anglaise, traitée de la même manière et livrée à des compagnies d’ouvriers, moyennant intérêt de deux pour cent du capital ;

Toute la marine de guerre, les arsenaux, les magasins, déclarés de bonne prise ; l’Inde et les colonies passeraient à la France ; quant aux navires de commerce, partie serait dirigée vers les ports français, le reste abandonné à des compagnies de marins, organisées dans les mêmes conditions que les fermiers, les mineurs et tous les autres ouvriers ;

Enfin, une contribution de quatre milliards en numéraire, tableaux, statues, bijoux, vaisselle, meubles, linge, effets et marchandises, prélevée sur les classes élevées, et répartie entre le domaine et les sept millions de familles les moins aisées de la France.

Des percepteurs, installés dans toutes les paroisses de l’Angleterre et de l’Écosse, seraient chargés, au nom et pour compte du peuple français, d’encaisser par douzièmes les tributs établis sur l’agriculture, l’industrie, les mines, le commerce, la pêche, etc.

Cela fait, à la satisfaction commune de la plèbe anglaise, émancipée et enrichie par la ruine des nobles et des bourgeois, et de la plèbe française, gorgée des dépouilles de l’ennemi, il n’y aurait plus de rivalité entre les deux rives de la Manche, plus d’aristocratie anglaise, plus d’exploitation anglaise, plus d’orgueil anglais. L’Angleterre serait débarrassée même de son épiscopat et de son gouvernement. Une armée d’occupation et une haute police, voilà tout ce qu’il faudrait au vainqueur pour assurer sa jouissance et maintenir l’ordre. La France alors régnerait seule ; le revenu qu’elle tirerait d’outre-Manche couvrirait les dépenses de l’empire ; le peuple français, n’ayant rien à payer, redeviendrait le plus gai du monde ; l’obéissance lui serait légère ; et la plèbe d’Albion, débarrassée de ses