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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/242

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CONCLUSION


Lorsque après avoir reconnu la nature juridique de la guerre et sa mission humanitaire, nous avons recherché si ses jugements et ses exécutions étaient conformes, dans la pratique, à ce que faisait attendre d’elle la théorie, nous sommes arrivés à une constatation douloureuse. Considérés à distancent dans leur généralité, les jugements de la guerre sont valides et justes : ils portent leur sanction en eux-mêmes. On peut dire d’eux ce que le psalmiste dit des jugements de l’Éternel : Judicia Domini recta, justificata in semetipsa. Analysés dans le détail, ce n’est plus qu’une affreuse caricature des formes de la justice. Ce qu’on appelle guerre dans les règles, à le bien juger, est la légalisation du brigandage.

Sur quoi nous demandant d’où pouvait venir cette effrayante contradiction, et approfondissant plus que nous n’avions fait jusque-là les causes de la guerre et ses motifs, sortant des considérations de la politique pour pénétrer dans la sphère de l’économie, nous nous sommes convaincus que la cause première, universelle, et toujours instante de la guerre, est le paupérisme, soit, la rupture de l’équilibre économique.