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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/247

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LIVRE CINQUIÈME


TRANSFORMATION DE LA GUERRE


Pacis imponere morem.
Virgile.


________


SOMMAIRE


Thèse. — La guerre, disent ses partisans, forme de la justice primitive, ayant sa base dans la nature et dans la conscience, est susceptible de réforme. Les abus qui la souillent ne sont pas plus un argument contre elle que les aberrations de l’amour, de la paternité, de l’hérédité, ne constituent un préjugé légitime contre la famille et le mariage. La juridiction de la force est indestructible elle est nécessaire, elle doit être améliorée, non supprimée, ce qui serait d’ailleurs un attentat à l’humanité, la négation du droit public et du droit des gens, un non sens. Cette réforme de la guerre est d’autant plus plausible que, quant au fait même qui en a causé la dépravation, à savoir le paupérisme, on peut, sans se jeter dans aucune utopie économique, remplacer les extorsions arbitraires du vainqueur par de justes indemnités, ce que le droit de la guerre dans son acception la plus sévère autorise pleinement, et ce qui ne peut soulever de récrimination ni de haine. Telle est en substance sur la question de la réformabilité de la guerre, l’opinion affirmative.