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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/260

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truisant par leurs défaites, acceptant le christianisme, eurent acquis la prépondérance, la conquête s’accomplit et l’humanité fut régénérée. Juste triomphe de la force, mais qui n’empêche pas que, devant un ennemi qui en veut à la propriété, et précisément parce qu’il en veut à la propriété, la guerre n’oublie toutes ses règles, que dis-je ! ne se croie en droit de les oublier.


Les Grecs et les Perses. — Lorsque le grand roi, après avoir subjugué les Grecs d’Asie, vint sommer ceux d’Europe de lui payer aussi le tribut, sinon, de descendre dans la plaine et de se mesurer avec ses trois cents myriades de soldats, les Grecs, sous le prétexte que les Perses étaient alors plus avancés qu’eux en civilisation et en politique ; que depuis Cyrus, fondateur de leur monarchie, ils avaient succédé aux Assyriens et aux Mèdes, hérité de leur puissance, de leur sagesse et de leur gloire ; que déjà leur empire s’étendait des rives de l’Indus à la Méditerranée, de la mer Noire, du Caucase et de la Caspienne jusqu’à l’Océan et à la mer Rouge ; que la discipline des nations, la police des mers, l’unité et la paix du monde, exigeaient que la Grèce à son tour et les îles, plus tard l’Italie, l’Afrique, l’Espagne et la Gaule, entrassent dans ce vaste englobement ; que le tribut réclamé ne représentait pas le dixième des pertes que faisaient éprouver aux nations leurs divisions intestines et leurs guerres mutuelles ; qu’on ne pouvait le considérer tout au plus que comme une prime d’assurance ; que partie en reviendrait d’ailleurs à la Grèce, qu’il s’agissait de policer ; qu’en conséquence ils eussent à poser les armes, à recevoir les satrapes du grand roi et à s’incliner devant sa suzeraineté ; les Grecs, dis-je, devaient-ils se soumettre, eu accepter le duel qui leur était offert ?

Certainement il y avait du vrai dans la sommation du con-