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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/269

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On a vu au livre précédent, chapitre iv, comment les Grecs, qui recevaient si bien l’étranger, se faisaient entre eux la guerre. Quelques réflexions à ce sujet trouvent naturellement ici leur place.

Une fois la grande guerre médique terminée, la question de l’unité se posait pour la Grèce. Il était impossible qu’un si petit pays, entouré d’ennemis puissants, restât divisé en une multitude d’États microscopiques, dont les plus considérables, comme Sparte ou Athènes, en armant tous leurs citoyens valides, parvenaient à peine à mettre en ligne vingt-cinq mille hommes. République fédérative ou république unitaire, il fallait choisir, la monarchie répugnant à tous. Chaque ville aspirant au titre de ville capitale, exagérant ses prétentions et repoussant les droits des autres, c’était le cas ou jamais de résoudre la difficulté par la force. La guerre d’extermination faite aux Perses avait pu paraître excusable ; entre les Grecs, combattant pour leur constitution fédérale, la guerre devait être sacrée. Quelles en seraient les conditions ? Rappelons-les en quelques mots.

De même qu’au moyen âge, dans le combat judiciaire, les champions devaient jurer de la pureté de leur cause, se préparer au combat par la prière et la réception des sacrements ; de même les nations en conflit, après avoir échangé leurs notes, reconnu la réalité du litige, l’urgence d’une solution et l’impossibilité d’y arriver autrement que par la voie des armes, après avoir réglé les conditions de la bataille et ses conséquences, stipulé les droits du vainqueur et les obligations du vaincu, devraient, avant d’en venir aux mains, se délivrer réciproquement certificat d’honorabilité et signer le traité de paix. Tel est l’idéal de la guerre ; tel il s’est révélé dans les cultes du Nord et les romans de chevalerie ; tel enfin le voudraient l’amour-propre des guerriers et la conscience des nations. Les