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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/273

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tuel : c’est alors que, se heurtant au christianisme, ils deviennent intolérants et qu’ils se mettent à faire la guerre à la fois aux idées, aux personnes et aux biens. Contre l’Islamisme conquérant, déjà maître de l’Égypte, de l’Afrique et de l’Asie, lançant ses armées sur l’Europe, en Sicile, en Italie, en Espagne, en France, la croisade devenait nécessaire : comment des hommes politiques, tels qu’Ancillon, peuvent-ils le méconnaître ?… A la conquête devait s’opposer la conquête ; il ne suffisait pas d’arrêter l’ennemi, il fallait le poursuivre jusque sur son domaine. Dès lors le mobile religieux disparaissait sous le mobile de l’intérêt ; aucune loyauté dans la guerre n’était plus possible. La croisade se mit ainsi à l’unisson de la propagande mahométane : chargé de dettes autant que de crimes, le croisé, partant pour la Terre sainte, allait chercher absolution et fortune.

Qu’on ne perde pas de vue ce principe : chez les nations religieuses la religion est l’âme des intérêts. Plus grande est la foi, plus aussi les intérêts deviennent féroces ; c’est pourquoi les guerres de religion sont de toutes les plus sanguinaires, les plus souillées par la dévastation, l’incendie et le viol. La haine entre les peuples est en raison directe du zèle qui les anime pour la cause de Dieu. Vous voulez restreindre la guerre, lui imposer des lois, en diminuer les fureurs. De grâce, ne vous adressez pas à la piété, ce serait jeter l’huile sur la flamme.


Guerres de révolution. — Je ne les cite que pour mémoire. J’ai reconnu précédemment la cause économique qui avait déterminé la révolution française ; j’ai rappelé la plèbe pressurée, la bourgeoisie jalouse, le clergé, la noblesse et la cour de plus en plus avides, toute la nation travaillée par le paupérisme, de jour en jour plus insupportable. Certes, l’indignation qui saisit nos pères, de 1789 à