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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/274

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1800, fut excusable. Les principes qu’ils firent triompher sont des principes justes, expression la plus pure et la plus élevée du droit. En est-il moins vrai que, par la nature des choses et sous la pression des circonstances, la France révolutionnaire, affamée, fut autant spoliatrice que justicière ? La Révolution, j’entends ici par ce mot la guerre à l’ancien régime, sublime en ses motifs, a été souillée dans ses actes et par suite compromise en ses fins : voilà ce que la vérité oblige à dire.

Qu’on objecte, si l’on veut, que les intéressés de l’ancien régime avaient les premiers donné l’exemple de l’égoïsme ; que les nouvelles maximes, enlevant à la noblesse ce qui lui restait de priviléges, au clergé ses biens immenses, ses immunités et ses dîmes, à la couronne son veto, les uns et les autres refusèrent d’admettre cette nouvelle justice et déclarèrent à la nation une guerre d’avarice et d’orgueil. L’indignité des uns ne couvre pas celle des autres. La cupidité des bleus servant de prétexte à la déloyauté des blancs, révolution et contre-révolution ne furent bientôt qu’un échange d’injures. La guerre qui s’ensuivit ne pouvait donc être qu’une guerre de vengeance et d’extermination réciproque : Coblentz, la Vendée, Quiberon, en gardent le souvenir. Pouvait-il en être autrement ? J’avoue que je ne le vois pas. Je n’entends point pour cela récuser le jugement de la révolution : les griefs étant égaux de part et d’autre, partant compensés, la victoire n’en devait tenir compte, et elle a rendu un jugement juste en adjugeant les conclusions à ceux qui avaient la force.

De ces exemples, et de tant d’autres que je m’abstiens de citer, essayons maintenant de dégager quelque réflexion utile.

Qu’il s’agisse de l’Église ou de l’État, des principes de la philosophie ou de ceux de la religion, de l’indépendance du pays ou de la liberté des citoyens, du droit du seigneur ou