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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/301

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ment de lui faire subir une réforme, mais d’en opérer la transformation complète.

Et je prouve cette proposition en constatant que la guerre, à tous les points de vue de son développement, conclut à une transmutation d’elle-même, ce que je nomme la paix.

Point de vue du Droit, dont elle est le plus solennel et le plus incorruptible représentant. — La guerre nous a fait parcourir cette gamme : Droit de la force, Droit de la guerre, Droit des gens, Droit politique, Droit civil, Droit économique, etc. (Tome Ier, page 229.) Or, le droit économique formant aujourd’hui une question à vider préalablement à tout nouvel engagement des puissances, et la guerre se déclarant incompétente pour résoudre une semblable question, il est clair qu’une convention d’armistice, pour un temps indéfini, doit être d’abord signée par tous les États, à peine de mentir à la guerre, d’offenser sa loi, de la faire rétrograder.

Point de vue des Révolutions. — L’humanité, conduite et jugée par la guerre, a traversé successivement plusieurs phases, dont il importe de saisir la tendance : régime des castes ou de l’esclavage ; système d’un empire universel, rêvé par les Juifs et réalisé par les Romains ; système théocratique ou féodal ; système des monarchies de droit divin, à la place duquel s’est installé celui des monarchies constitutionnelles. Actuellement, c’est la plèbe travailleuse qui tend à supplanter la bourgeoisie capitaliste, propriétaire et patentée, et qui fait son apparition par ces deux formules, Droit au travail et Suffrage universel, Nous ne sommes qu’au début de ce dernier mouvement. Mais qui ne voit déjà tout ce qu’il y a de profondément incompatible entre l’ordre de choses actuellement en éclosion et le régime de guerre, caractéristique de la monarchie de droit divin et de la féodalité ? N’est-il pas manifeste que, comme