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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/308

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de résoudre le problème était aussi fantastique que ses victoires : d’un côté, elle supprimait le vaincu ; quant à la nation prétendue victorieuse, sans parler du retour de fortune qui la ramena si brusquement au statu quo ante bellum, la statistique nous a appris quel déchet vingt-cinq années de guerre ont fait subir à la santé et à la vigueur du peuple français.

Après ces considérations générales sur la loi d’antagonisme, il suffit de quelques mois pour réfuter les objections produites :

a) La guerre, nous dit-on, se justifie par sa moralité même. — Oui, quant à son idée, qui est le droit de la force ; oui, quant au but que suppose l’exercice de ce droit, et qui est le progrès de la civilisation. Mais non, quant à la cause de la guerre et à sa pratique : la première accusant un désordre dont la réparation sort de la compétence de la guerre ; la seconde étant en pleine contradiction avec la loi même de l’antagonisme, qui exige que les forces, en se détruisant, se réparent. Qu’on soutienne la perpétuité de la guerre, si on le peut, les opinions sont libres ; mais qu’on ne la fasse pas mentir.

b) On ajoute : L’extinction de la guerre est une utopie, attendu que l’extinction du paupérisme, soit la constitution économique de l’humanité, est elle-même une utopie. — C’est comme si l’on soutenait qu’un individu ne doit jamais mourir, attendu qu’on ne lui connaît pas d’héritier. Nous ne pouvons, je le reconnais, nous faire qu’une idée encore indécise du régime économique que je soutiens devoir succéder au régime de politique ou de guerre, ces deux expressions signifiant pour moi la même chose. Sous ce rapport, et dans cette mesure, le doute est légitime. Mais il ne faut pas abuser, pour nier le mouvement et l’avenir, de la défaveur jetée sur quelques théories socialistes. Une chose du moins est avérée, c’est que la religion