Aller au contenu

Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chapelle, la paix d’Amiens, la paix de Tilsitt, la paix de Vienne. Il nous faut aujourd’hui la Paix : le monde n’en comprend et n’en veut plus d’autre.

À quelles conditions l’obtiendrons-nous cette paix organisée, dont il n’appartient à aucune puissance de dicter les articles, et dont la garantie, reposant sur la lutte réglée des forces, est supérieure à toutes les armées du globe ?

Ce n’est pas avec des souscriptions et des meetings, avec des fédérations, des amphictyonies, des congrès, comme le croyait l’abbé de Saint-Pierre, que la paix peut devenir sérieuse et se placer au-dessus de toutes les atteintes. Les hommes d’État n’y peuvent pas plus que les philosophes ; la Sainte-Alliance y a échoué ; aucune propagande philanthropique n’y fera rien. La paix signée à la pointe dés épées n’est jamais qu’une trêve ; la paix élaborée dans un conciliabule d’économistes et de quakers ferait rire, comme le fameux baiser Lamourette. L’humanité travailleuse est seule capable d’en finir avec la guerre, en créant l’équilibre économique, ce qui suppose une révolution radicale dans les idées et dans les mœurs.

Pour établir le règne de la paix, pacis imponere morem, il faut, selon l’expression du précurseur évangélique, que nous commencions par changer d’esprit, Metanoite. Or, le premier article de cette conversion, c’est d’abord d’expurger la guerre de toute pensée de spoliation, en lui appliquant le précepte du Décalogue, Non furaberis ; c’est en second lieu de comprendre notre destinée terrestre, si bien marquée par la maxime stoïcienne, Sustine et abstine ; c’est enfin d’observer la loi de production et de répartition, condition suprême de l’égalité démocratique et sociale.

Cette révolution est-elle possible ? Est-elle prochaine ?

À cette interpellation catégorique, voici ma réponse :

Ni la métaphysique des philosophes, ni les compilations