Aller au contenu

Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/326

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

verselle serait la fusion de toutes les forces, par conséquent la négation de l’antagonisme, l’immobilisme absolu ; une fédération universelle aboutirait à l’inertie de ces mêmes forces, par leur soumission à une autorité commune : le système fédératif n’est applicable qu’entre petits états, réunis pour leur mutuelle défense contre les attaques de plus grands ; une hiérarchie universelle enfin se résoudrait en une compression universelle, ce qui impliquerait toujours la cessation de l’antagonisme et par conséquent la mort. Le système politique de l’humanité est un équilibre général des états, sollicités et limités les uns par les autres, et dans lequel la liberté et la vie résultent incessamment de l’action réciproque, je dirais presque de la menace mutuelle. Cet équilibre est la Paix, paix d’abord négative, mais que nous allons voir se constituer et prendre son essor, quand nous aurons reconnu le second côté de la guerre.


L’économie politique selon la guerre. — Pour soutenir son corps et développer son esprit, l’homme est obligé de les alimenter l’un et l’autre : la consommation, matérielle et morale, peut être regardée comme sa première fin. Or, l’homme ne consomme que ce qu’il se procure par un exercice de tous les jours : le travail est donc pour lui une seconde fin. Mais ce travail ne lui procure, terme moyen, que le juste nécessaire ; la pauvreté, telle est notre troisième fin. Travail, sobriété et prudence ; affranchissement des sens et de l’idéal : voilà notre loi. Avant d’être un guerrier, l’homme, dans les prévisions de la nature, est un ascète. Et c’est afin de nous maintenir dans la juste mesure que nous assignent la condition du travail et celle de la pauvreté, que la conscience à son tour, cette même conscience qui affirme le droit de la force, nous impose une nouvelle loi, qui est de répartir de la manière la plus égale, sans manquer à la dignité et au droit d’aucun, les