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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/328

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C’est ainsi qu’en dépit du paupérisme qui la pervertit, sous l’impulsion même de ce paupérisme, la guerre, concluant toujours à la justice, nous conduit au désarmement. Elle nous y a conduits tout à l’heure par l’équilibre international ; elle nous y ramène à présent par cette inévitable position du problème économique, sur lequel elle prend soin de déclarer elle-même son incompétence.


La démocratie et la guerre. — Pour tout homme de bonne foi, qui aura suivi dans les différentes parties de cet ouvrage la marche de la guerre, il doit être évident que le cours des choses aboutit à la paix. J’oserai même dire que l’époque de cette pacification décisive ne peut être éloignée : la paix, selon toute probabilité, sera l’œuvre du dix-neuvième siècle. Mais il n’est pas moins vrai qu’à l’heure où j’écris peuples et gouvernements semblent plus que jamais tournés à la guerre : on dirait qu’avant de rentrer aux enfers l’implacable Bellone réclame un dernier sacrifice. Il faut du sang…

A qui attribuer cette soif de carnage, en contradiction avec les tendances et les conclusions les plus authentiques de la guerre ? Je laisse à mes lecteurs le soin d’apprécier la politique des puissances, et je m’abstiens de dire ici rien qui puisse choquer les gouvernements. Mais il me sera permis de regretter qu’une fraction de la démocratie française, en poussant, par un zèle de révolution mal entendu, le gouvernement à la guerre, manque à son idée, à la vraie mission de la France.

Toutes les questions pendantes peuvent se ramener à une seule, la paix de Vienne.

Certains organes, plus ou moins officiels, de la démocratie ont cru devoir remercier le gouvernement impérial, comme d’un acte héroïque, nécessaire à la sécurité et à la gloire du peuple français, d’avoir déchiré les traités de 1815. Par cette seule déclaration les susdits organes de la