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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/340

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El l’orateur de la révolution aurait conclu : Que la papauté étant, par la force des choses, nullement par la défection des peuples ou la trahison des princes, dépossédée, placée sous la garde de ceux qui jadis, selon l’esprit du christianisme, n’étaient que ses vicaires, n’ayant plus où reposer librement sa tête, le monde allait se trouver, par la dissolution de la société chrétienne, sans spirituel, sans base morale et juridique ; qu’il fallait faire cesser au plus tôt ce dangereux interrègne, en revenant résolûment aux institutions et aux principes de 89 et en affirmant le Droit de l’homme, l’incarnation de la justice dans l’humanité ; que c’était le seul moyen de mettre un terme aux déchirements, de ramener la modestie dans les mœurs et la sérénité dans les âmes, d’organiser une paix réelle et féconde ; qu’à ces fins le devoir du gouvernement était, non pas de déchirer les traités de 1815 dont la politique suivie depuis dix ans n’avait pu que développer et affermir la pensée supérieure, mais de résilier le concordat, de retirer l’instruction du peuple des mains du clergé, et de pourvoir à la réforme des mœurs par la discipline des intérêts. À ces conditions, la France peut renoncer à la garde du Saint-Siége, et laisser, à qui voudra le prendre, le protectorat du catholicisme.

La démocratie officielle et officieuse a mieux aimé entretenir l’équivoque, en protestant de son respect pour la religion du Christ et de sa vénération pour la personne du souverain pontife. Elle a prétendu que la papauté serait plus puissante quand elle ne tiendrait plus a la terre, que les beaux temps de l’Église reviendraient quand l’Église aurait l’air de ne s’occuper que des choses de l’autre monde ; elle a osé dire que la Révolution n’était elle-même que le christianisme considéré dans sa morale et ses espérances immortelles : par cette affectation de religiosité, elle a trahi la Révolution et bafoué la foi chré-