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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/339

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directeur de la politique contre les Grecs et les Barbares ; que le pacte de Charlemagne mit la dernière main à ce système, en nommant l’empereur évêque du dehors comme le pape était évêque du dedans, et en soumettant le premier, par l’obligation de l’orthodoxie, au contrôle du second, et que la cession de Pépin, en constituant un domaine propre au souverain pontife, ne fut qu’un gage donné au Saint-Siége, organe de la conscience chrétienne, contre l’infidélité éventuelle des princes et des rois.

Il appartenait, dis-je, à des hommes ayant l’intelligence du nouveau droit, de montrer que les restrictions successivement apportées par les princes à la suprématie papale étaient l’effet, non pas de la séparation organique des deux pouvoirs, mais d’une révolution qui s’accomplissait, à l’insu des peuples, dans le spirituel même ; que ce spirituel, incapable de donner la paix au monde, ainsi que l’avait promis son fondateur, étranger au droit de la guerre et au droit des gens, inhabile par conséquent à gouverner les États, avait été reconnu faux par les chefs des nations qui le confinèrent dans la théologie et le réduisirent à l’administration des sacrements ; que plus tard il avait été définitivement abrogé par la révolution française ; qu’ainsi à l’Évangile avait été substitué le Droit de l'homme, au règne de la grâce le règne de la liberté ; qu’en conséquence un nouvel ordre spirituel avait été inauguré, selon lequel la justice était le principe et le fondement de toute sagesse, de même qu’autrefois le dogme révélé avait eu la prétention de servir de principe et de critère à toute justice et à toute philosophie ; mais qu’à la différence du christianisme, où le spirituel est représenté par la hiérarchie sacerdotale, la révolution a fait la conscience publique seul interprète du droit, seul juge du temporel et seul souverain, ce qui constitue la vraie démocratie et marque la fin du sacerdoce et du militarisme.