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Page:Proudhon - La Guerre et la Paix, Tome 2, 1869.djvu/93

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CONCLUSION


Résumons ce livre, et tâchons d’en dégager nettement la substance.

Il existe un droit réel, positif, incontestable, de la force.

Ce droit est le plus anciennement reconnu dans l’histoire, le plus vivement senti des masses ; ce serait encore, s’il était permis de croire à une décadence continue de l’espèce, le dernier à mourir, celui qui formerait le plus bas échelon de notre moralité.

La guerre est la revendication et la démonstration de ce droit. En cette qualité, elle devient la sanction du droit des gens. Soit qu’elle favorise la conquête ou qu’elle protège l’indépendance ; soit qu’elle subordonne les États les uns aux autres ou qu’elle les équilibre, la guerre est progressive et conservatrice ; elle ne détruit pas les puissances, elle les discipline et les dispose pour un avenir inconnu. Par les formes dont elle s’entoure, et les lois plus ou moins clairement comprises qu’elle s’impose, la guerre affirme donc son droit, qui est en même temps son jugement ; par ses résultats généraux, en dépit de toutes les infractions et anomalies dont elle est accompagnée, elle le consacre. Quiconque étudie avec un peu d’attention l’histoire de la formation, du développement et de la dissolu-