Page:Proudhon - Les Confessions d'un révolutionnaire.djvu/296

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loi. Une telle situation est la honte, le suicide, la destruction de tout lien social. Mais l’insurrection, aux termes constitutionnels, est interdite : que peut, dans ce cas extrême, la minorité ?

Quand la loi est audacieusement violée ; quand une fraction du peuple est mise au ban de la société ; que la fureur d’un parti en est venue jusqu’à dire : Nous ne céderons jamais ; qu’il y a deux nations dans la nation, l’une plus faible qui est opprimée, l’autre plus nombreuse qui opprime ; que la scission est de part et d’autre avouée, mon avis est que le droit de la minorité est de consommer cette scission en la déclarant. Le lien social étant rompu, la minorité est quitte envers la majorité de tout engagement politique : c’est ce qui s’exprime par le refus d’obéir au pouvoir, d’acquitter l’impôt, de faire le service militaire, etc. Ce refus ainsi motivé a été nommé par les publicistes résistance légale, parce que le gouvernement se plaçant hors de la légalité, les citoyens l’y rappellent en refusant de lui obéir.

La loi sur les clubs, l’intervention de la police dans les réunions électorales, le bombardement de Rome, violant la Constitution et mettant, pour ainsi dire, hors la loi le parti démocratique, motivaient, tant que le parti démocratique serait en minorité dans le pays, l’application du principe de résistance légale ; et si ce parti obtenait la majorité, et que le gouvernement persistât, le droit d’insurrection pouvait alors s’ensuivre.

Avec des ministres dont l’un prétendait que le cri de Vive la République démocratique et sociale ! qui résume toute la Constitution, est inconstitutionnel et factieux ; dont l’autre dénonçait les démocrates-socialistes comme des malfaiteurs et des pillards ; dont un troisième les faisait poursuivre, juger et condamner comme tels ; avec un gouvernement qui, sous le nom d’ordre, n’entendait autre chose que l’extermination de l’opinion républicaine ; qui, n’osant attaquer ou-