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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/119

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que, en l’an I du premier siècle, le cerveau du fils se soit trouvé le contraire (on peut dire le contraire) de ce qu’était le cerveau du père et que, depuis, rien n’ait changé, que les cerveaux des fils soient pareils à ceux des pères, que tout soit resté en l’état, et qu’on se reconnaisse près de deux mille ans après, comme la Belle au bois dormant à son réveil, et que, comme elle encore, on retrouve ses gens immobilisés dans la même attitude depuis des centaines et des centaines d’années.

Voilà ce que Nangès, qui s’astreignait difficilement à manquer de ferveur, voyait dans l’église de Cherbourg. Par ailleurs, il pouvait constater qu’il était le seul uniforme de cette assemblée de fidèles. Et pourtant, il se disait que saint Paul différait assurément plus d’Horace quarante ans de distance que Clovis ne diffère de nous, malgré les quinze siècles qui nous séparent. Aucun abandon ne peut effacer cette dissimilitude-ci et cette similitude-là.

Or, ce jour-là, à la messe de neuf heures, Timothée fut fort étonné de voir le soldat Vincent debout derrière un pilier, qui regardait le prêtre de ses yeux vifs. Pourquoi ve-