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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/123

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II

Maurice avait maintenant l’allure d’un vieux soldat. La vie du quartier s’écoulait assez monotone, mais du moins, était-ce une grisaille qui lui plaisait. Il n’avait pas épuisé la matière militaire. Il pensait, avec une tristesse mâle, à l’immense route qui s’ouvrait devant lui, — et que ce serait pour toujours, ces murs gris, ces chambrées et leur odeur violente de sueur humaine et de coaltar. Pourtant il en était arrivé au moment où les gaucheries, les embarras et les fatigues du début font place à la parfaite aisance désinvolte, un peu lourde encore et pourtant facile, allante et coulante, du vieux soldat. Ainsi il avait cette démarche un peu traînée, balancée, cette cadence des mouvements, toujours lents et précis, où jamais on ne décèle l’effort inutile, ce port des vêtements bien usagés, bien faits aux plis, cette élégance enfin, puisqu’il faut l’appeler ainsi, et cette manière de nouer la cravate autour du cou, de