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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/125

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grand tapage. À côté de Maurice, il y avait un sous-officier flanqué de deux femmes. Maurice admira sa fine moustache rousse, le port avantageux de son képi chiffonné avec art et légèrement rejeté en arrière. Les trois camarades ne disaient rien… Soudain, il se fit un silence. Le comique paraissait en scène. C’était l’enfant chéri de ce public. On l’écouta dans des hoquets de rire, on l’applaudit et il dut revenir plusieurs fois. Mais comme, après lui, le défilé des femmes reprenait, un des amis de Maurice proposa de s’en aller.

L’ignoble schnick qu’ils avaient absorbé leur tournait déjà la tête. Dehors, les deux anciens se mirent à chanter. Maurice se sentait chavirer dans un grand abandonnement de son âme.

Ils échouèrent dans une autre salle, petite, basse, où quelques chaises éparses attendaient le client problématique. Pourtant trois marins de la marine marchande, cinq ou six autres personnages, composaient une manière de public. Et là aussi, il y avait des chanteuses… Cela s’appelait l’ « Eden » ou l’ « Alhambra ». Les trois soldats se sentirent plus à l’aise. Les langues se délièrent et ils se mirent à invectiver les femmes.