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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/132

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mètres. Mais sur ce quai, c’est le silence, la nuit immense et solitaire.

Nangès pensait qu’au sens le plus précis du mot, ce jeune Maurice Vincent l’intéressait, au sens très précis que tous les événements de sa vie passée, de sa vie présente, de sa vie à venir, se reliaient directement à sa vie à lui, Nangès, qu’ils avaient un lien secret avec sa vie, — au sens que rien de Maurice Vincent ne pouvait absolument lui rester étranger. Tout, en effet, lui importait de ce jeune homme dont il était devenu le maître par la hiérarchie et par le cœur.

Le capitaine Nangès, peu curieux de confidences, n’avait point encore reçu celles de Maurice. Il savait pourtant que cet enfant était venu vers lui, qu’il était le disciple, mais mieux : qu’il se rapportait exactement à une image que Timothée avait depuis longtemps au dedans de lui, qu’il personnifiait, qu’il rendait clairs des rêves indistincts, des idées obscures, troubles, des perceptions jusqu’ici non parvenues encore jusqu’au seuil clair de la conscience.

Il s’étonnait que de nouveau sa maîtresse le laissât indifférent, que même il ne souhaitât