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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/133

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plus les bonheurs trop paisibles du mariage, que même il songeât à de belles choses qu’il pourrait faire encore et, qu’après tout, il n’était pas si vieux. Mais c’était d’un travail sérieux, austère comme la vie elle-même, qu’il s’agissait.

Il faut, se disait-il, enseigner ce jeune héros, obtenir de lui le maximum de rendement. Ce n’est pas à l’âge de Nangès qu’on disperse sa vie dans une amourette. Ainsi, la situation lui apparaît-elle nette, précise et simple. Il en fait le bilan avec exactitude :

1° Maurice Vincent l’intéresse. Comme disciple. Comme maître. Entre eux, il y a connexité si intime qu’on ne sait plus qui est le maître et qui est l’élève. Maurice Vincent l’intéresse, comme lui il intéresse Maurice Vincent. Ce sont des quantités égales affectées de signes différents.

2° Il faut agir. Il faut oublier les incertitudes, les discussions stériles du passé. — Le temps n’est plus, se disait Timothée confusément, sans qu’aucun mot articulé ne vînt au bord de ses lèvres, d’épiloguer avec le maître Servat sur la psychologie militaire, ni de s’exercer entre amis à des imaginations guerrières. Il s’agit de travailler, de mettre les mains à la pâte,