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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/136

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tuelle ; peut-être un peu « Hugo », mais si attendue, si conforme à nos intimités que l’on succombait à d’inévitables effusions. Le cœur de Timothée débordait. À ces heures-là, les plus fins sont pris au piège.

Comme il rentrait chez lui, son domestique lui remit des papiers.

— Monsieur, c’est l’ordonnance qui a apporté cela.

C’était la « décision ». Nangès la lut avec attention, tout d’un coup revenu à son métier.

… « Demain, pointage de nuit à l’île Pelée… Le canonnier Dupré, de la troisième batterie, remplira les fonctions de secrétaire auprès du commandant-major », etc.

Puis un papier, un « huitième de feuille ». Nangès a un moment de surprise. Il s’approche de sa table, lit le document :

« Deuxième batterie, 4 jours de consigne au quartier au canonnier de 2e classe Vincent, ordre du maréchal des logis de semaine Vigot. A découché et n’est rentré au quartier qu’après l’appel du matin. »

Ô ironie ! Charmants imprévus de la vie !

Timothée prend sa plume, la retourne dans ses doigts, regarde les dorures pâles du plafond.