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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/146

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un long frémissement, une sorte de brise printanière qui s’élevait, — non à plus de lumière, mais à un mouvement en ondes larges, au réveil instantané de tout, semblable à l’éclairement brusque d’une scène de théâtre. Les commandements traversèrent le silence du quartier :

— À cheval !… Canonniers, montez !… En avant, ma…rche !…

Les deux premiers brefs, le troisième prolongé, traîné, donnant l’impression d’un départ non facile, non instantané et joyeux comme celui de l’infanterie, mais d’un départ difficile, non simultané, mais propagé de l’avant vers l’arrière, avec un bruit grandissant d’acier, des vibrations plus nombreuses, enfin, un commandement non de départ, mais de démarrage.

Dans la douce griserie de l’aube tiède, dans le demi-réveil qu’encourage le bercement des normands, Maurice se laisse aller à un rêve surnaturel, au rêve qu’il est en train de vivre. Il éprouve ce bonheur intime de participera l’action précise de ces forces combinées, d’être une unité agissante dans cet ensemble formidable de forces diverses — pensée et matière —