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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/150

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mamelons de Frœschwiller, sur le sol des batailles d’hier et de demain, aux noms tragiques, naturellement tragiques (pourquoi les noms des grandes batailles, des grands désastres ont-ils toujours des consonances tristes, indéfinies, des consonances prédestinées ?…)… il Le voit, tout pareil à maintenant, mais… « pour de vrai ».

Devant la batterie, à cent mètres, sur la pente descendante, les fantassins fusent, s’« infiltrent », pour employer le mot technique, plus exact que « marcher ». Il en sort des haies et des buissons, qui s’avancent en silence, courbés en deux, le fusil bas, pris de passion comme s’ils étaient à la bataille, comme si c’était arrivé.

En somme, on a suffisamment l’illusion de la guerre. C’est ça, une bataille ; à peu près. On a très bien l’impression que la manœuvre n’imite pas la guerre ; mais presque, que ce serait la guerre qui imiterait la manœuvre. La complicité de tous à faire de la fiction une réalité, parce que cela est plus amusant et que c’est naturel aussi, que l’instinct de la guerre est tout près, à fleur de peau, — la passion, un peu enfantine souvent, de ces gaillards bien