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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/151

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trempés qui s’amusent à jouer aux soldats, aident bien, oui, à la représentation vraie de ce qui n’est pourtant qu’imité.

— Par deux, correcteur 18…2400…2600… crie Nangès.

Près de Maurice, le brigadier explique doctement :

— Tu vois, le capitaine allonge son tir pour accompagner la marche de notre infanterie. Attention ! nous n’allons pas tarder à repartir !

En effet, un commandement de Nangès, et les avant-trains retournent à la crête. En un clin d’œil, la batterie s’élance dans la lande caillouteuse. C’est une trépidation infernale, une marche d’enfer. La poursuite ! On sent la joie, l’oubli, un moment, qu’on est sur telle terre, que tout à l’heure on sera à Cherbourg, dans un café, à faire une manille ou un billard… Le soleil commence à donner. Le drap épais des vestes pèse aux épaules.

Voici une dernière crête… Une vision instantanée… L’infanterie est là, en longue ligne de tirailleurs, les uns couchés et tiraillant, les autres s’avançant d’un mouvement précis, décidé… Et sur une lointaine ondulation de terrain, les « manchons » blancs de l’ennemi…