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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/163

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des choses du passé, de la confiance en soi, des colonies. Là, il n’avait plus aucune intention didactique. Mais sa pensée était tellement tendue qu’elle ne pouvait dévier et s’obstinait à tourner dans le même axe.

Un jour, comme ils sortaient ensemble de la maison du quai Napoléon, Timothée dit en montrant le héros à cheval qui, prétend-on, tient la main droite étendue vers les rivages de l’Angleterre :

— J’ai vu en 1889 les régiments d’infanterie de Cherbourg porter l’arme en passant devant cette statue, tandis que la musique militaire jouait : « En revenant de la R’vue ! » Voilà comme était l’armée dans ce temps-là !

De tels propos consolaient Maurice de bien des peines. Pour le jeune homme qui, quelques mois auparavant, entendait hurler contre la soldatesque, quel changement, quel aliment nouveau et fortifiant ! Il oubliait l’humilité de sa situation, son pauvre uniforme, et pensait à des choses grandes et terribles. Il se croyait dans un bain bienfaisant de franchise et de clarté.

À ces moments-là, la maison paternelle lui apparaissait bien lointaine, toute petite dans