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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/164

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le passé, comme si une vie entièrement nouvelle avait commencé pour lui.

Peut-être Nangès était-il coupable ! Mais sans le vouloir précisément, il apprenait au jeune homme l’orgueil, et, par une pente insensible, le poussait à s’isoler. Devant la forte humanité du capitaine, devant cette force vive toujours prête à s’exalter, quand il arrivait à Maurice de penser à l’instituteur Vincent, il avait presque pitié de ce pauvre homme qui lui paraissait sans muscles et sans cerveau. Vers le printemps, une lettre de Voulangis, la première depuis son entrée au service, par le peu d’impression qu’elle lui fit, lui prouva à quel point la désaffection était grande, et combien était lâche le lien qui l’unissait encore au foyer.

Le père Vincent se montrait pourtant bien intentionné. Il souhaitait revoir son fils. Mais il lui demandait en grâce de ne pas chercher à conquérir de grades et surtout de ne jamais demandera partir aux colonies. Au début, ses arguments étaient sentimentaux et affectueux. Malheureusement, M. Vincent s’élevait vite à la métaphysique et à la poésie où l’on peut dire, sans le calomnier, qu’il n’excellait pas. Maurice ne comprenait rien à ce devoir d’élève.