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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/19

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« le sabre et le goupillon ». Il saisit le rôle moral et civilisateur de l’armée ; il en devina l’efficacité rédemptrice dans les plus redoutables des crises nationales. Il vit Paris et la France s’unir autour de cette armée, retrouver à son égard l’enthousiasme que les passions révolutionnaires n’éteignent jamais chez nous que pour bien peu de temps, et se préparer à porter d’un cœur unanime la grande épreuve, dès qu’il plairait à Dieu d’en laisser sonner l’heure. Même sous la fureur des luttes religieuses, il sut reconnaître la persistance du fond chrétien et catholique de notre pays que tant d’entre nous, découragés ou irrités, se sentaient disposés à nier. En un mot, il retrouva tous les traits de la France éternelle, ceux-là même que Barrès, le maître de qui ces jeunes relevaient pour une si grande part, devait décrire en des pages qui resteront un des plus beaux monuments de notre langue.

Semblable au héros de « l’Appel des Armes », le jeune Français de 1914 « prenait contre son père le parti de ses pères ». Sa protestation se dressait véhémente contre les leçons dont avaient retenti les chaires les plus célèbres et qui avaient séduit leurs ainés.

De cette réaction, la génération nouvelle avait non seulement la conscience, mais