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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/190

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La maison de M. Monestier se trouvait à une centaine de mètres de la ville de Crécy, sur les rives mêmes du Grand Morin. C’était une jolie demeure, agreste et villageoise. Le jardin empli de roses et de magnolias avait un peu l’air d’un parc, mais dans le goût tendre du XVIIIe siècle. On y voyait des rocailles enfouies dans des bosquets, une vieille statue en plâtre qui s’effritait, et, à côté de cela, des parterres soignés d’où montait une chaude odeur terreuse. Le tout formait un ensemble un peu naïf qui devait plaire à un bourgeois transporté aux champs, assez touchant comme peut l’être ce que le citadin va chercher à la campagne. C’était bien là ce qu’on appelait jadis une « maison des champs ».

Maurice Vincent, ayant vu que la villa était déserte, traversa vivement ce petit éden qui tenait tant de place sous le ciel de ses vingt ans. Près du Morin, se trouvait un endroit qu’il aimait entre tous. Un pavillon tapissé de lierres s’avançait dans la rivière et baignait ses pilotis dans l’eau encombrée de roseaux et de conferves. Une barque plate aux planches vermoulues était retenue à la rive par une lourde chaîne, et autour, le flot tranquille, inondé de