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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/209

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grande guerre, une épopée guerrière, si vous voulez.

Labastière cligna des yeux, puis il dévisagea son camarade, et il répondit :

— Ce que vous dites est important, mon cher ami. Mais je me demande alors ce que nous faisons dans l’armée. Car enfin tous les Français feront leur devoir en temps de guerre. Je dis tous, même ceux qui professent aujourd’hui qu’ils ne le feront pas, et qui seront peut-être les plus enragés. Ce n’est donc pas un critérium pour nous que l’accomplissement du devoir guerrier. Mais notre devoir commence plus haut et va plus loin. Je dirai plus : il diffère essentiellement du devoir du simple patriote, de l’honnête électeur. L’officier n’est pas patriote à un degré au-dessus du citoyen. C’est là une idée vulgaire, mais elle est fausse. Il l’est autrement et la différence est si grande que c’est presque amener une confusion que d’appliquer le même mot à deux objets aussi éloignés l’un de l’autre. Ce n’est pas une différence essentielle, originelle, qui sépare les deux modes du patriotisme. Ce n’est pas une différence d’intensité, de minimum et de maximum. Ce n’est pas une différence de quan-