Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ces autres qui dispersaient leur juvénile énergie en de nobles causeries.

Il est permis de regretter que Nangès n’ait pas pris plus de part à cette conversation. Il n’était pas un théoricien, et surtout il estimait que certaines rêveries n’avaient point de place dans le cerveau d’un soldat. Mais toutes ses sympathies allaient à son lieutenant, Labastière.

« Le Marsouin » était un jeune lieutenant d’infanterie coloniale qui venait d’éprouver la chance des armes en Afrique, où il avait su se signaler heureusement. Mais, plutôt que de conter ces campagnes, il préférait médire de la guerre, qui était pourtant le point où il excellait.

— Comment, dit Labastière, je ne vous entends pas. Votre idéal n’est pas la guerre ?

Le Marsouin expliqua :

— Ce serait, certes, mon agrément personnel que de la faire, et nulle part, je crois, je ne trouverais mieux mon emploi. Pourtant, si j’élève le débat, si j’échappe un instant au point de vue égoïste, si je vois enfin l’intérêt de mon pays, eh bien non, je ne suis pas en droit de désirer la guerre, je veux dire une