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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/222

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que. On était en plein dans l’idylle. Et il a suffi d’un petit lieutenant d’artillerie pour que sortît de terre la grande armée… Paradoxes étonnants qui s’expliquent l’un l’autre et se complètent. Le cas Vincent nous explique que Bonaparte ait trouvé l’instrument qu’il lui fallait, et, en retour, l’épopée impériale nous apprend pourquoi et comment Maurice Vincent est toujours possible en France.


Un jour, le jeune brigadier vint trouver Nangès.

— Qu’y a-t-il, petit, demanda le capitaine d’une voix rude.

Maurice raconta sa permission. Sa voix tremblait. À la fin, il ajouta :

— Faites-moi partir, mon capitaine. Je sais ce que je vous demande. Mais j’ai hâte d’être loin, pour savoir enfin ce que je vaux.

Nangès regarda un instant le jeune homme, et il répondit simplement :

— Gagne d’abord tes galons de sous-officier, mon ami. Nous verrons après. Si tu pars avant d’avoir ton galon, tu pourras l’attendre longtemps !

Maurice Vincent n’avait pas pensé à ce détail