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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/223

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Il fut sur le point de répondre : Que m’importe ! Il était dans une fièvre juvénile, une sorte de rêve ardent d’où la réalité lui échappait. Nangès, qui le connaissait, voulut donner une raison plus haute :

— Tu as bien le temps d’aller te promener dans la brousse. Apprends ton métier. C’est l’essentiel. Tu verras cela plus tard, chez nous. Sous prétexte qu’on a « fait campagne », on méprise le métier. On affecte d’ignorer une chose aussi commune et aussi quotidienne. On n’a plus, et l’on s’en vante presque, le souci de la compétence. Je ne veux pas que tu commences déjà à avoir ce défaut-là.

… Maurice quitta Nangès réconforté. Mais le vieux capitaine avait pourtant une idée. Quelques jours auparavant, il avait reçu une lettre du colonel Seillère qui allait prendre le commandement de la Mauritanie saharienne. Le colonel le convoquait à Paris et lui laissait entrevoir un périlleux commandement dans son nouveau territoire. Or il était venu à l’idée de Nangès que ce pays était tout juste ce qu’il fallait au jeune Maurice Vincent. Dans cette marche toujours troublée du Sahara, on pourrait mesurer, en effet, ce que Maurice valait.