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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/246

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nisme aussi sain et primitif. Dur, mais sans orgueil, il s’oppose au laisser-aller inévitable des vieilles troupes, aux incorrections détenue, au négligé qui froisse son esthétique et le goût qu’il a pour le travail bien fait, ordonné, achevé, consciencieux, pour le bel ouvrage. Nul homme n’est plus en ligne droite que lui. Nul cœur n’est plus simple, plus uni que le sien. Devant tant de droiture, de noblesse, de sérieux, les plus primitifs sont saisis de respect, mais quand c’est Vincent qui vient à son tour connaître ses vertus, sa vie en est changée et s’oriente vers des horizons nouveaux.

Quand les distributions furent terminées, la botte donnée aux chevaux et le souper de la pièce sur le feu, Maurice sortit allègrement de sa grange. Déjà les soldats se répandaient dans le petit village dont les trois rues s’animaient d’une rumeur confuse et pittoresque. Certains causaient déjà sur le pas des portes avec des vieux, tordus comme d’antiques ceps de vigne. Il vit une corvée qui passait, le brigadier en tête, les hommes portant des marmites de campement. Des chevaux revenaient de la forge, qui jetait ses notes claires là-bas, à l’autre bout du village. Dans les cours des