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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/266

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sont des camarades. Hommes qui souvent ne se connaissent pas, qui ont pourtant tous le même point de vue sur l’univers et se sentent liés.

L’arrivée de Nangès coïncidait avec le retour de quelques officiers qui venaient de faire colonne en Mauritanie. Au Cercle, on évoquait quelques souvenirs de brousse. Conversations de camarades, propos d’apéritif, sans suite ni intentions. Et surtout sans importance, sans aucune espèce d’importance. De la fumée de cigarettes dans des plantes vertes. Et puis, enfin, on ne se montait pas. Cependant Timothée, qui venait de France, trouvait aux voix quelque chose de plus mâle, presque d’héroïque. Réellement, on se retrempait auprès de ces hommes qui, de leur côté, prenaient mieux possession d’eux-mêmes, si près de leur terrain d’action.

Ce qui amusait Nangès, c’était l’imprévu des rencontres. Quelquefois, elles le reportaient à de longues années en arrière. D’autres lui rappelaient des cieux lourds d’Asie. Un jour, il se trouve avec un capitaine qui descend du Soudan. Il se rappelle l’avoir vu jadis à la prise de Tananarive. En tête de sa compagnie, il faisait l’escalade en tenant son ombrelle au-