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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/267

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dessus de sa tête : cet homme redoutait plus le soleil que les balles. Timothée sourit à ce souvenir. C’était peu de chose, ce petit air de bravoure à la française. Et pourtant, c’était charmant, un peu « guerre en dentelles », mais tout à fait conforme à la tradition. Ce n’était rien, et c’était, pourtant la trouvaille heureuse, la réussite dans le choix d’une attitude.

Quand Nangès pensait à de telles actions, il sentait l’enchaînement des âges, leur déroulement, le cycle harmonieux des temps. Mais il se demandait encore si l’histoire retiendrait ces documents. Il craignait que la continuité n’apparût pas clairement entre hier et aujourd’hui et que des mailles trop petites ne fussent omises. Il craignait que le regard de l’histoire ne dût point s’arrêter à ces détails, — l’essentiel.

Ainsi, peu de temps auparavant, un de ses camarades s’était fait tuer dans l’Affola. Il y avait eu de la gêne. Une note officieuse avait déclaré que « les ordres avaient été dépassés », que « le capitaine s’était engagé trop loin à la suite d’une bande de pillards… » Nangès eût voulu savoir si le fait symbolique, celui qui