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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/275

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au bord des grands yeux clairs et bons. Et seule l’émotion avait mis un peu de rouge à ses joues fraîches.

Le pauvre Vincent ne savait absolument quoi dire. Il sentait sa tête bourdonner, son cœur battre plus vite. Il contemplait stupidement la petite Claire qui enlevait son grand paletot pelucheux et sa toque de fourrure. Elle arrangea ses cheveux aplatis par le chapeau, puis, se tournant vers Maurice, le regarda avec une tristesse tendre et sans apprêt.

Le père Monestier partit discrètement après avoir embrassé le jeune homme. Et aussitôt Maurice saisit la main délicieusement étroite de la jeune fille. Il balbutiait le nom qu’il aimait, des choses bêtes et naïves. Une force animale jeta ses lèvres sur le frais visage qui le regardait doucement. À pleine bouche, il baisa les joues glacées, les dents brillantes, les cheveux légers et fluides. Alors Claire tomba sur des coussins, elle prit sa figure entre les mains, et pleura silencieusement, devant tout le bonheur qui s’enfuyait…

Dans sa fièvre, Maurice sentit le vertige le saisir. Il ne s’y retrouvait plus, devant l’ef-