Aller au contenu

Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vers la Cannebière, Maurice rencontra quelques camarades qui étaient aussi en instance de départ pour la côte occidentale d’Afrique. L’argent de poche mis en commun, on résolut de s’offrir un dîner dans une gargote provençale. Il y avait, parmi les convives de ce repas, quelques vieux sous-officiers, grands buveurs, qui devaient y mettre la gaîté qu’il fallait. Après le café, la petite bande sortit de l’établissement, longea le bassin du vieux port, puis le quai obscur où clignotaient çà et là quelques rares réverbères.

Des bars aux inscriptions anglaises, espagnoles, arabes, grecques, flamboyaient dans l’ombre.

Les camarades entrèrent dans l’arrière-boutique de l’un d’eux et commencèrent à entonner les vieilles chansons qui constituent la tradition inaltérable de l’armée. Le bar était presque désert. Par la porte de la salle où buvaient les sous-officiers, on voyait le comptoir de bois, près duquel un gros homme à l’air anglais causait avec une servante aux cheveux dorés. Une autre servante chlorotique allait et venait dans la salle du fond.

Ces images, les dernières de France, si mé-