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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/279

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Le dernier jour de France, il le passa, le lendemain à Marseille, en corvées fâcheuses. Le soir, il avait hâte de voir la mer, et les carènes des lourds bateaux, et la confusion du vieux port, encombré de docks, de chemins de fer, de trolleys, d’amoncellements de caisses et de tonneaux. Pendant deux heures il se promena à travers la Joliette. Quel spectacle bien fait pour préparer un voyageur aux langueurs de l’absence ! On a presque quitté sa patrie, lorsque l’on erre parmi ces marchandises lointaines qui sentent le cargo-boat, les tropiques et l’Angleterre. Ce qui exaltait le jeune homme, c’était la solitude. Il lui semblait que désormais il n’avait plus qu’à courir, dans l’orgueil de sa force jeune, vers d’autres escales, semblables à celle-ci, puisqu’aucune autre ne serait plus sa terre natale.

C’est là, aux « portes de l’Orient », que la vie de Maurice Vincent atteint son point culminant. C’est là que l’initial paradoxe qui l’a poussé à suivre l’étoile du capitaine Timothée s’épanouit, prend sa valeur vraie.

Il se trouva que, vers un des môles de la Joliette, et alors qu’il s’apprêtait à revenir