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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/287

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qu’est la terre de nos pays. C’est la terre morte, blanchie par le soleil, comme les os d’un vieux squelette. C’est sec, fluide, léger, sans cohésion, élémentaire. C’est sans couleur franche, — une chose morte.

« Et ce tremblement de l’air ! On s’y endort, dans le balancement du chameau, bercé dans la pure lumière, hors des bornes de l’intelligence…

« Cette terre, sans caresses et sans baisers, je commence à en comprendre la vertu. Est-ce l’ivresse de la force ? Mais nulle part certainement on ne prend possession de soi-même comme ici. Je sens de vieilles choses qui remontent en moi de mon enfance, de plus loin peut-être. Je sais qui je suis.

« Terre mystique. Terre d’ascètes. Thébaïde. Nous aussi, nous nous purifions, épurons, loin des pourritures modernes, loin de la misère, de la laideur, de l’indigence.

« La sombre muraille de grès de Tagant ! On l’attend depuis si longtemps qu’on la salue avec joie. Verticale, elle plonge ses assises dans le sable même de la plaine unie. Le poste de Moudjéria est presque adossé à ce sombre château fort. Je pensais y trouver