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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/288

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le capitaine Nangès, mais il paraît qu’il est à Tijikja et il me faudra marcher quelques jours encore avant de le revoir.

« Je suis monté sur le haut de la montagne. Du haut de ce balcon, on voit mieux l’immensité déserte de la plaine, et à quel point elle est immense et déserte. L’âme se crispe devant tant d’espace. L’herbe jaune, les arbustes, se fondent en une teinte neutre, indicible, et l’on croirait une mer immobile. Derrière moi, la terrasse se continue en montagnes pierreuses et désordonnées, en amoncellements angulaires de rocs. C’est là que commence le Tagant, le pays des pierres.


« Quelque part, dans le Tagant. — Je ne puis encore rien regretter de la France. Le soir, quand l’ombre de la falaise s’allonge immensément vers l’est, les méharas rentrent du pâturage. Odeur de l’Afrique ! Dans l’herbe jaune, j’entends d’abord un chant sans paroles, aux modulations étranges. Puis des appels de voix que multiplie le silence. C’est le gardien du troupeau qui paraît, le fusil sur l’épaule, tenu par le canon, le boubou relevé. Le chameau de