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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/294

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même. Il semblait qu’en quelques jours, il ramassât toute sa vie. À Jouarre, il n’était qu’un enfant. Ici, il prenait figure, s’individualisait, se différenciait.

On aime à remarquer que ce fier jeune homme ne consent pas à exhaler d’amoureuses plaintes. La vie libre, l’horizon trop large, lui feraient prendre en horreur la prison où une femme voudrait le tenir captif. Il ne veut pas être le prisonnier de son cœur.



LA LETTRE.


« Ma chère fiancée,

« Je souffre en lisant tes lettres tristes. Comment faire les miennes gaies comme je les voudrais ? Tu t’imaginerais que mon cœur est desséché. Ce n’est pas vrai. Mais ici les pleurs de l’amour sont remplacés par une furieuse exaltation, et ce sont encore des transports dont tu peux être fière.

« Non, chère fiancée, même quand je pense à ton visage, je ne puis soupirer ni gémir.