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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/295

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C’est la faute du beau soleil, de la vie simple et nue, de la clarté qui vient de tout et déchirerait trop vite le voile de mes larmes.

« Et puis l’amour est si beau de loin ! Il est comme ces fonds azurés que les artistes de haute lice mettent sur leurs tapisseries multicolores. Ici, encore, c’est un beau désordre de couleurs. La vie scintille, piaffe et poudroie. Ta pensée met de l’unité dans son désordre et simplifie le trop riche décor.

« Tu trouves, mon enfant aimée, que c’est peu et tu cries que je ne t’aime plus. Mais si l’amour est autre chose que cela, il nous faut jouer Tristan et Yseult. Vraiment, c’est trop fatigant. Et songe que je marche avec Parsifal, le « fort », le « pur », qui me défend d’être lâche et de regarder en arrière.

« Ce grand Nangès, comme tu le détestes ! Et pourtant, il m’aime plus que toi, puisqu’il sait me donner la médecine qu’il me faut. Peut-être, quelque jour, la grande route où il me mène rencontrera-t-elle le joli sentier de nos amours… Maudis-moi, si tu veux, mais je ne me hâte point de le souhaiter. J’aime à la folie ces deux allées parallèles, et c’est une joie plus qu’humaine qui m’envahit lorsque de