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Page:Psichari - L'Appel des armes (1919).djvu/296

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ces sables brûlants je pense aux jardins alanguis de Voulangis…

« Jusqu’à présent, j’ai toujours marché seul, — ou avec le capitaine. Tu sais comme je le vénère. C’est un homme dur et bon. Ces deux qualités jointes sont la marque propre des soldats. Il est comme les aciers trempés à l’huile, — qui sont plus forts que les autres. Je le vois peu. Un soir, il m’a invité à manger sur sa natte. À part cela, je ne l’ai guère approché que pour le service. Et, pourtant, il est à l’un des pôles de ma vie, comme tu es à l’autre.

« Est-ce la solitude où je vis ? Ou bien est-ce la lumière du ciel nouveau qui met en moi ces clartés et m’encourage à te montrer mon cœur tout nu ? Je ne sais. Mais j’aperçois bien que je ne suis guère fait pour les soupirs. Et pourtant, je suis tendre, j’en suis sûr. Hélas ! il y a tant de choses dans la vie, que je ne sais laquelle choisir. C’est beaucoup moins simple que dans les romans, ma belle Clairette. — Peut-être aussi est-ce plus beau.

« Que d’allées et venues ! Que de détours ! Que de démarches ! Si je ne m’en inquiétais avec toi, je t’aimerais moins, et je m’aimerais moins…